mardi 9 octobre 2007

« Cul de Sac », le village des blaireaux



Dans ma maison sous terre...

Les blaireaux habitent au cœur d’une forêt de feuillus à proximité d’une clairière, ou dans un petit bois à la lisière de champs, de prairies ou de vergers, parfois tout près des habitations humaines. Grâce à leurs pattes avant, larges et munies de longues griffes (jusqu’à 5 cm), ils sont équipés pour creuser et aménager de vastes terriers, anciennement nommés « tassonnières ». Ces terriers sont généralement creusés dans un terrain meuble et en pente, car c’est alors plus facile d’évacuer les déblais. (C’est un malin, ce blaireau…).

Dans le Vexin français, à la géologie particulière, j’ai remarqué que les terriers sont souvent situés dans un bois à flanc de coteau et creusés dans le sable (Cuisien), juste sous la dalle calcaire (Lutétien)… de manière à profiter d’un « toit » naturel d’excellente qualité ! Sur les buttes boisées, les niveaux de sables et grès dits « de Fontainebleau » sont aussi recherchés.

Véritable château souterrain, le terrier des blaireaux comporte plusieurs entrées, qui donnent accès à des couloirs et à des « chambres » sur plusieurs niveaux. Les galeries souterraines peuvent s’enfoncer à plus de 5 mètres de profondeur mais le « donjon », c’est à dire la loge principale spacieuse qu’occupe la famille, se situe souvent entre 1 et 2 mètres sous terre.


On parle de « gueule » pour désigner l’entrée d’un terrier de blaireau ; un grand terrier peut posséder de 5 à 20 gueules. Pour creuser l’ensemble de l’édifice, les mustélidés remuent plusieurs tonnes de terre ou de sable ! Le naturaliste voit tout de suite si une entrée est fréquentée, car une espèce de « toboggan » se forme alors sur le tas de déblais, conséquence du passage répété des animaux.


Une vie pépère en famille !


Les blaireaux sont casaniers et attachés à leur territoire et à leur terrier, au point que l’on parle de « village ». Chaque famille dispose de 20 à 200 hectares. Le terrier est occupé par 5 à 10 individus de tous âges qui cohabitent : papa, maman, leurs enfants (nommés « blaireautins », c’est mignon, non ?), ados d’un an, oncles et tantes, grand mère, ou parfois un jeune mâle vagabond du village voisin, en quête d’une amoureuse…

On a même souvent observé une renarde et ses renardeaux installés dans un coin du terrier, profitant d’une galerie à l’abandon. (Un squat ! Ne nous gênons plus…). Et tout ce petit monde vit ensemble des années durant, le terrier se transmettant de génération en génération ; en Angleterre, on connaît ainsi des villages de blaireaux occupés depuis plusieurs siècles !

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