Noctambules dans la forêt
Animal nocturne, le blaireau, fidèle à ses petites habitudes, sort de sa cachette à la nuit tombante, souvent vers la même heure (entre huit et neuf heure du soir, juste après le premier hululement de sa voisine d’au-dessus, la chouette hulotte). Il est toujours très prudent ! Il commence par mettre juste le museau dehors et va longuement flairer son environnement familier… A la moindre odeur suspecte de prédateur, ou au moindre bruit inhabituel, hop, il retourne à l’abri du terrier, attendant patiemment que le danger soit passé.
R.A.S. Alors, il sort tranquillement, pour vaquer à ses activités favorites. Tout d’abord, le bonhomme fait un brin de toilette : une rituelle (et cocasse !) séance de grattouilles, calé sur son popotin, ventre en l’air, histoire d’enlever la terre de son pelage et d’embêter un peu les puces. Et puis, la faim se faisant sentir, il part à la chasse…
A la chasse ?
Un bien grand mot pour le blaireau. Bien que classé dans les Carnivores, le blaireau n’est pas le terrible carnassier que d’aucuns se plaisent à imaginer… C’est à dire qu’il « chasse » principalement… les vers de terre, les escargots et les champignons ! En effet, si l’animal possède une ouie très fine, ce qui lui permet de repérer des proies enfouies (il entend les ultrasons), sa vue est par contre assez médiocre ; il ne distingue en effet que les mouvements brusques et les contrastes… Disons, en vérité, qu’il est myope comme une taupe !
L’organe indispensable : le nez ! Il repère ses mets préférés grâce à un odorat hyper développé (estimé par les chercheurs 800 fois plus fin que le nôtre, pauvres humains !) Animal fouisseur, le mustélidé cherche sa nourriture en grattant la terre et le bois mort de ses longues griffes, la truffe en alerte maximale... La nuit, on peut l’entendre fouiller bruyamment dans les feuilles mortes, ou détruire consciencieusement une souche pourrie afin d’atteindre les grosses larves dont il raffole.
Maître Blaireau engloutit par dizaines les délicieux lombrics ; des études scientifiques ont montré que près de la moitié de l’alimentation du blaireau, en poids, se compose uniquement de vers de terre ! Mais pas seulement, son alimentation est en fait extrêmement variée. Le blaireau est un opportuniste qui va avaler tout ce qui lui tombe sous le pif ; limaces, escargots, gros vers blancs et autres bestioles du genre.
Protégé par son épaisse fourrure, il s’attaque aux nids de fourmis ou de bourdons, sans craindre les piqûres, et se régale de larves juteuses. On sait qu’il raffole du miel (un vrai petit ours, je vous dis !) En saison, il se délecte de fruits mûrs, comme des pommes, cerises, baies de sureau, mûres, etc. J’ai observé qu’il adore les cornouilles. Les fruits secs font aussi son affaire (noix, châtaignes…) ainsi que des racines ou quelques délicieux champignons.
L’occasion fait le larron !
Il aura vite fait de croquer une portée de campagnols ou des lapereaux bien grassouillets, une taupe malchanceuse, des œufs pondus au sol, une grenouille, un serpent (Il ne craindrait pas la morsure de vipère…) et même un jeune hérisson (que le blaireau attaque par le ventre, parce que les épines dans le nez, ça fait rudement mal). Un tantinet charognard, il ne dédaigne pas un cadavre à l’occasion.
Allez, pour être honnête, reconnaissons que ce vilain gourmand chipe parfois quelques épis de maïs laiteux ou se gave des bons gros raisins de l’agriculteur du coin ! Rien de bien grave, les « dégâts » restent acceptables (les sangliers font bien pire). Le blaireau est un pacifique omnivore, et non le terrible assassin de faisans ou de lapins qu’on se plait à décrire… Alors, d’où lui vient cette réputation de « nuisible » ? Qui veut la peau du blaireau ?