mardi 27 novembre 2007

Des blaireaux et des hommes

D’ennemis naturels, il ne lui en reste plus beaucoup dans nos campagnes ! Ours bruns, loups, lynx, hiboux grand duc ? Disparus, exterminés depuis belle lurette… Mais le blaireau a toujours eu à redouter le plus dangereux de tous les prédateurs : Homo sapiens (soi disant), l’homme ! Ces dernières années, j’en ai vu des terriers comblés avec des pierres et des branches. J’ai même trouvé encore en 2002 une bouteille vide d’un produit toxique devant un terrier… Bêtise ou ignorance ?


Les blaireaux ont malheureusement fait les frais de la destruction systématique des renards jusque dans les années 1980, afin d’éradiquer la rage, qu’ils disaient… Les « puants » crevaient atrocement au fond de leurs trous, empoisonnés par un gaz suffocant introduit dans les terriers (La chloropicrine, un des « gaz de combat » utilisés sur les champs de bataille durant la première guerre mondiale). Cette pratique est – théoriquement - interdite aujourd’hui, et on a mis au point, contre la rage, une technique de vaccination orale des renards.

Le blaireau est considéré comme gibier dans de nombreux pays européens, dont la France, alors qu’il est déjà protégé ailleurs, en Angleterre et en Belgique, notamment. Et ce statut de gibier, c’est déjà un progrès… Il a été en effet retiré de la liste des « nuisibles » (Nuisibles à qui ? On se le demande…), cela mettant normalement fin au piégeage, au gazage et au rebouchage systématique des terriers. Malheureusement, le blaireau a pratiquement disparu de certaines régions.

En 2007, la loi française autorise toujours le tir des blaireaux (de jour ? un nocturne ?!…), ainsi que le « déterrage »… Sous la pression d’un certain lobby, et par manque d’études scientifiques sur notre animal, certaines préfectures envisagent permettre de nouveau le piégeage « au collet », ce qui pourrait être catastrophique pour des populations qui se remettent à peine des précédentes destructions !

Dans certains départements, le déterrage des blaireaux est permis par la loi… La « vénerie sous terre » (c’est le nom de cette noble chasse) se pratique toute l’année, y compris en période de gestation des femelles, à grand renfort de pioches, de pelles, de chiens excités et de crochets spéciaux pour attraper la sale bête dans son trou, ah, ah… Les adeptes de ce « sport » viril et sanguinolent peuvent même participer à un championnat de France ! Rien ne vaut le plaisir d’une bonne partie de rigolade entre copains… (C’est vrai qu’on doit bien s’amuser, non ?). En plein XXIième siècle, on croit rêver…






« La chasse, c’est naturel »

Voilà un slogan qui sonne faux aujourd’hui. Certes, la chasse est naturelle pour les animaux et… les hommes de la préhistoire ! Nos ancêtres étaient de redoutables chasseurs. Les proies qu’ils tuaient assuraient leur subsistance. Pendant des milliers d’années, la survie des clans humains a été liée à la chasse (et à la cueillette !). Tout dans l’animal tué était utilisé : chair, os et bois de cervidés, poils et peaux… Comme les rares peuples chasseurs-cueilleurs survivant encore sur notre planète (pour combien de temps ?), ces hommes savaient gérer leurs ressources et avaient du respect pour les animaux. Au point qu’ils les considéraient certainement comme des divinités, représentées dans l’art pariétal, comme à Lascaux.

La chasse d’aujourd’hui, activité sportive ou de loisirs, n’a plus grand chose à voir avec cet esprit. La différence entre le « bon chasseur » et le « mauvais chasseur » ? Peut être… l’ignorance, la bêtise, la cruauté, l’esprit de destruction. Alors oui, au paléolithique, une peau de blaireau pouvait faire un carquois original, ou une coiffe de chaman du plus bel effet… Au moyen âge encore, il faisait faim et le blaireau a souvent dû être au menu du pauvre charbonnier braconnant sur les terres du seigneur… Et les poils de blaireaux ont été à l’origine, jusqu’au milieu du 20e siècle, d’une industrie du pinceau de précision et de la fameuse brosse à barbe, qui porte encore son nom… Les poils synthétiques font aujourd’hui bien l’affaire !
A l’heure où tout le monde se soucie de la « préservation de la biodiversité », commençons par sauver nos pandas à nous ! Protégeons enfin ce qui nous reste de petits carnivores sauvages : blaireau, mais aussi belette, fouine, hermine, putois, et le malin renard… Comme les grands prédateurs (ours, loup, lynx…) et les rapaces, ils ont leur place dans l’équilibre naturel, et n’ont pas besoin d’être « régulés » pour d’obscurs intérêts cynégétiques. Le blaireau devrait être protégé par la loi en Europe et en France, et vite ! Dans certaines régions, il est en danger d’extinction. Laissons le vivre en paix… Les animaux sont l’âme de nos campagnes, et méritent notre plus grand respect.



Automobilistes… Levez le pied !

A la campagne, faites aussi attention sur la route… Evitez de rouler comme des dingues en voiture, surtout la nuit ! D’abord parce c’est interdit, et puis, on a si vite fait d’écrabouiller un pauvre blaireau qui n’a pas bien regardé avant de traverser (personne ne leur apprend le passage piétons, c’est bête, hein !) Sans compter les chouettes, hérissons, écureuils, renards ou… sangliers (ce qui peut être carrément plus grave, pour la voiture et le conducteur !) Pour les blaireaux, la route est une cause de mortalité importante, surtout chez les jeunes en phase de dispersion. Un conseil, faites comme moi, roulez doucement la nuit et essayez d’apercevoir des bêtes à la lumière des phares… Vous serez surpris, un blaireau, ça trotte vite !


Aucun commentaire: