mardi 27 novembre 2007

Blaireaux sur la toile

Emmanuel DO LINH SAN : ce jeune chercheur suisse est spécialiste de la biologie et de l’écologie du blaireau. http://www.unil.ch/webdav/site/svsn/shared/DoLinhSan.pdf

Il est l’auteur de deux monographies passionnantes :
"Le blaireau d’Eurasie" LES SENTIERS DU NATURALISTE éditions Delachaux et Niestlé
"le blaireau" Editions EVEIL NATURE


Robert HAINARD : naturaliste expert en bêtes de tous poils, « chasseur au crayon », graveur, sculpteur, philosophe, créateur de vocations… Voici son ouvrage de référence : « Mammifères sauvages d’Europe » chez Delachaux et Niestlé Edition Delachaux et niestlé : http://www.delachauxetniestle.com/

Le site officiel de la fondation Hainard : http://www.hainard.ch/





Pierre DEOM et son célèbre journal « La hulotte » (le journal le plus lu dans les terriers) « le village des blaireau », article paru dans le n°26
http://www.lahulotte.fr/

La FCPN (Fédération des clubs Connaître et Protéger la Nature) édite un fascicule donnant des conseils pour partir à l’affût du blaireau. Et en plus, c’est pas cher !
"Une nuit chez les Blaireaux" http://www.fcpn.org/publications_nature/Mammi/ct_affut_blaireau


Un DVD : collection Nos voisins sauvages : « Le blaireau : Le terrassier de la nuit » film de R. Luchès, Beta production, 52 min., 1999


La revue suisse La salamandre n°167 « Le grand terrier » : superbes illustrations…http://www.salamandre.ch/3b.php?IDrecord=1748&IDpage=8



Une étude sur le blaireau par Loire nature (pdf) :


Quelques fiches sur Internet (merci à leurs auteurs) :
http://www.univers-nature.com/dossiers/blaireau.html (complète avec enregistrement sonore) http://perso.orange.fr/faune/pages/mammiferes/blaireau.htmhttp://passion.mammiferes.perso.cegetel.net/blaireau.htmhttp://www.zoogeo.ulg.ac.be/blaireau-main.htm (en Wallonie, une fois)
« L’Alpe Buissonnière », le blog d’un chasseur… d’images !
http://blogphotonature.canalblog.com/archives/blaireaux/index.html
les traces d’animaux :
http://www.coulmes.net/traces.html


Chasse, piégeage et déterrage :

« Une belle journée de Vénerie sous terre » (pour se faire un avis… âmes sensibles s’abstenir)http://parlonschasse.com/posts1424-0.html&postdays=0&postorder=asc&highlight=

Le Rassemblement Anti-chasse contre le déterrage

10/07/2007 - Même en été, le déterrage des blaireaux continue !Le déterrage est une chasse ignoble, où le blaireau est extrait du terrier avec des pinces qu'on lui plante dans le nez ! Même relâché "avec les honneurs", il est sérieusement blessé et a peu de chance de survivre. Et les petits suivront... Lire l'article de Sud Ouest http://www.antichasse.com/News/Antichasse/Articles/SudOuest10jui2007.jpg


Un débat sur le concours de déterrage de blaireaux (blog)
http://auvergne.blognaute.fr/index.php?2006/05/27/136-peut-on-deterrer-les-blaireaux



Associations de protection des mammifères

Le CPN Brabant relaye une cyberaction : http://forum.cpnbrabant.be/viewtopic.php?t=364

France Nature Environnement (FNE) « LE BLAIREAU ET L’HOMME Pour une cohabitation pacifique » (pdf) http://www.fne.asso.fr/GP/publications/blaireau_cohabitation.pdf

« Blaireaux, le cri d’alerte d’une naturaliste » : Après avoir vécu des heures sombres dans les années 80, le blaireau est aujourd'hui encore trop chassé, notamment par le déterrage. L’article de « 24 H dans l’Oise » : http://www.antichasse.com/News/Antichasse/Articles/AlerteBlaireau.jpg


« Meles » est une association picarde qui agit pour la connaissance et la protection du blaireau. Elle organise des conférences et une projection d'un film. Contact : Virginie Boyaval virginiebadger@aol.com


La ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non chasseurs

Le blaireau nuisible ? « Chasseurs et piégeurs accusent le blaireau de commettre des dégâts. En vérité, les dommages aux cultures sont peu importants. Les dégâts que le blaireau peut faire dans les cultures ne sont gênants que très localement et ils portent principalement sur le maïs, le blé, l’avoine et la vigne... Les méthodes préventives sont efficaces. “La méthode préventive apparaît être la meilleure pour éviter les dégâts... La pose d’un fil électrique à 15 cm du sol a fait la preuve de son efficacité.” (Bulletin de l’O.N.C.F.S). Une cordelette enduite de répulsif tendue à 15 cm du sol avant la période prévisible des dégâts joue le même rôle. Les terriers susceptibles d’entraîner des affaissements de terrain ne sont gênants que s’ils sont creusés au bas de digues. Il suffit d’en faire fuir l’occupant en y introduisant des chiffons imbibés d’un répulsif et de reboucher. (Sources R.O.C.) »


La SFEPM (société française pour l’étude et la protection des mammifères) : http://www.sfepm.org/index.htm

L’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) « Ces animaux qui ne dérange pas tout le monde » http://www.aspas-nature.org/index.php?option=com_content&task=view&id=79&Itemid=4

FERUS L’association de protection des grands prédateurs (ours, loup, lynx…)

Chez nos amis anglais : BADGER TRUST : http://www.badger.org.uk/Content/Home.asp


Pour les enfants

Des travaux d’élèves avec illustrations, c’est mignon (merci à eux, et à leurs enseignants)
http://www.ac-grenoble.fr/ecole/monthion/foret/blaireau.htm



Note concernant les illustrations de ce blog

« A vot’ bon cœur, messieurs, dames… » Veuillez ne pas m’en vouloir, amis photographes naturalistes, je me suis permis de grappiller comme un malpropre sur la toile afin d’illustrer mon article, sans votre accord. C’est vilain, je sais, mais c’est pour servir la cause des blaireaux... SVP, si vous reconnaissez l’une de vos photos ou dessins et que vous souhaitez que vos droits d’auteurs soient reconnus (ce qui est bien normal !) ou que je retire le document, merci de m’écrire.

Comment s'inviter chez les blaireaux : l'affût


Y'a vraiment rien à la télé ? Passez une nuit chez les blaireaux...

Naturellement, préférez la chasse aux images, enivrez-vous d’instants magiques, intenses, faites-vous de merveilleux souvenirs… Ceux qui possèdent quelques talents pourront également essayer de mettre en boîte (argentique ou numérique) le farouche animal ou, suivant la piste du maître es bêtes, Robert Hainard, pratiquer la « chasse au crayon »… Voici, l’air de rien, quelques petits conseils pour s’inviter à l’improviste chez nos meilleurs amis. Ou comment mettre toutes les chances de son côté pour réussir un affût au blaireau.

Un affût, ça se prépare ! Aucune chance si on y va au pif (car, on l’a vu, celui du blaireau est bien plus aiguisé que le nôtre). Un bon repérage s’impose... Il vous faudra trouver le meilleur endroit où vous installer confortablement le soir venu, et pour cela avoir localisé précisément un terrier habité par le tesson et sa famille. Explorez donc votre coin de campagne favori et localisez sur une carte au 1/25000 quelques villages de blaireaux. Cette découverte peut se faire en famille, c’est un but pour de belles randonnées naturalistes ; jumelles autour du cou, vous vivrez peut être une rencontre avec un écureuil, un pic épeiche, un renard en vadrouille, un chevreuil bondissant… ou profiterez simplement des premières fleurs des bois et des chants d’oiseaux au printemps.

Ca y est, votre choix est arrêté sur un site ? S’il s’agit d’un terrain privé, pensez à avertir le propriétaire de votre présence, afin d’éviter quelques désagréments… L’endroit doit être accessible à pied. Si vous utilisez la voiture, prévoyez de garer votre véhicule à un petit kilomètre, de manière à faire une marche d’approche la plus discrète qui soit. En bon « trappeur », vous être maintenant certain de la présence régulière du compère blaireau : coulées, terrier visiblement occupé, empreinte identifiée… Préférez un terrier qui ne possède pas trop d’entrées, dans un site environné d’un sous-bois clair, de façon à profiter d’une vue dégagée… A quelques mètres de la gueule, un tronc d’arbre à l’air idéal pour faire un dossier confortable, parfait. Les casse-cou pourront s’installer en hauteur dans un arbre, leur odeur n’en sera que moins discernable par les méfiants mustélidés !

Il est toujours possible d’aller affûter « les mains dans les poches »… Cependant, une petite préparation matérielle vous aidera à réussir votre soirée. Tout d’abord, l’habillage : déguisez vous en tronc d’arbre ! Choisissez des vêtements qui ne craignent rien, d’une couleur vous assurant un certain mimétisme dans la nature, amples et confortables, et qui ne font pas de bruit… (Evitez absolument certains tissus synthétiques, genre K-Way, qui pourrait vous jouer un vilain tour si vous bougez!) Et pensez à vous habiller chaudement, car il vous faudra rester immobile longtemps…

Voici l’équipement de base du parfait mammalogiste : carnet, crayon, paire de jumelles et lampe torche. Un petit coussin ou un siège pliable, voire une couverture, peuvent vous faire gagner un peu de confort et donc d’éviter des mouvements d’aisance. Une paire de jumelles est utile, surtout lors des longues journées d’été, car les blaireaux sortent alors avant le crépuscule, et l’on peut profiter d’encore un peu de lumière pour faire des observations passionnantes. Préférez un modèle lumineux et peu encombrant, des 7 x 42 par exemple. La lampe doit être d’intensité moyenne ; on peut éclairer les blaireaux dans les bois, j’en ai fait l’expérience, la lumière ne les dérange pas, beaucoup moins qu’un bruit soudain ou qu’une odeur inhabituelle.


Le grand soir !

Prévoyez d’arriver à votre poste d’affût environ 1 heure avant le coucher du soleil, et 2 heures en été. Avant de partir, prévenez quelqu’un et dites où vous allez exactement, on ne sait jamais ! Conseils qui paraissent évident, bannissez le tabac (les animaux associent l’odeur de la fumée à celle de l’homme, et de très loin !), pensez à éteindre le portable et… oubliez de vous parfumer ! Pour cette soirée mondaine, vous verrez, les blaireaux ne vous en tiendront pas rigueur, au contraire !

C’est le moment de mettre en pratique quelques ruses de sioux : votre itinéraire étant bien repéré, faites une entrée la plus discrète possible. Evitez surtout de passer juste devant les gueules, vous réduiriez à néant toute chance d’apercevoir l’animal. « Prenez le vent », en humectant votre doigt pour connaître sa direction, et placez vous en conséquence, de manière à ce que les blaireaux ne perçoivent pas votre odeur. Installez vous confortablement, puis… transformez vous en statue ! Yeux et oreilles en alerte, faites preuve de la plus grande patience…


Séquence… émotion !

Là ! Une tête noire et blanche bouge, vous entendez renifler… Maître Tasson pointe enfin le bout de son museau, c’est le moment où il est le plus circonspect… Gardez votre sang froid, il ne faut pas bouger d’un poil et ne faire aucun bruit. Le moment est si intense qu’on se demande si on a encore le droit de respirer… Carpe Diem ! Observez… Laissez le blaireau commencer son petit manège, gratouilles, ménage… avant de se décider à partir le long de ses petits chemins pour trouver à manger. Des congénères peuvent le rejoindre ; avec de la chance, vous pourrez même avoir droit aux batifolages des blaireautins de l’année !

Pour profitez des jumelles ou allumer la lampe torche, pas d’affolement… Ayez des gestes d’une extrême lenteur, et tout se passera bien. Le blaireau n’a pas une bonne vue, souvenez vous. S’il vient vers vous, il se peut même qu’il se retrouve contre vos chaussures ! Rassurez vous, il ne vous attaquera jamais. Si malheureusement vous êtes repéré (arrgh, ces fourmis dans les jambes !), le méfiant animal rentrera vivement au terrier… Mais l’affût n’est pas pour autant fini. Restez calme, attendez… Il y a encore une chance qu’il remette le nez dehors, dès qu’il sera rassuré. Et que le spectacle continue un petit moment…

Finalement, nos compères se sont éloignés et il fait noir, et froid. Il est temps de rentrer… Quitter votre affût avec autant de discrétion que lors de votre arrivée. Il se peut aussi que vous ayez attendu plus d’une heure sans voir un seul blaireau… Vous rentrez bredouille à la maison. Le mustélidé a été plus rusé que vous, il a du vous entendre venir avec vos gros sabots ! Peu importe, ne vous découragez pas, recommencez une autre nuit… Il peut s’avérer utile de débuter avec un naturaliste expérimenté mais, par expérience, on augmente ses chances si on est seul (les humains sont terriblement bavards !). Essayez peut être devant une autre gueule (on est jamais certain de la fréquentation des terriers, et ceux-ci comportent de nombreuses entrées) ou faites un nouveau repérage pour un prochain affût. Un jour, vous finirez bien par les voir, ces satanés blaireaux !

Bonne chance, et bonnes observations…




Des blaireaux et des hommes

D’ennemis naturels, il ne lui en reste plus beaucoup dans nos campagnes ! Ours bruns, loups, lynx, hiboux grand duc ? Disparus, exterminés depuis belle lurette… Mais le blaireau a toujours eu à redouter le plus dangereux de tous les prédateurs : Homo sapiens (soi disant), l’homme ! Ces dernières années, j’en ai vu des terriers comblés avec des pierres et des branches. J’ai même trouvé encore en 2002 une bouteille vide d’un produit toxique devant un terrier… Bêtise ou ignorance ?


Les blaireaux ont malheureusement fait les frais de la destruction systématique des renards jusque dans les années 1980, afin d’éradiquer la rage, qu’ils disaient… Les « puants » crevaient atrocement au fond de leurs trous, empoisonnés par un gaz suffocant introduit dans les terriers (La chloropicrine, un des « gaz de combat » utilisés sur les champs de bataille durant la première guerre mondiale). Cette pratique est – théoriquement - interdite aujourd’hui, et on a mis au point, contre la rage, une technique de vaccination orale des renards.

Le blaireau est considéré comme gibier dans de nombreux pays européens, dont la France, alors qu’il est déjà protégé ailleurs, en Angleterre et en Belgique, notamment. Et ce statut de gibier, c’est déjà un progrès… Il a été en effet retiré de la liste des « nuisibles » (Nuisibles à qui ? On se le demande…), cela mettant normalement fin au piégeage, au gazage et au rebouchage systématique des terriers. Malheureusement, le blaireau a pratiquement disparu de certaines régions.

En 2007, la loi française autorise toujours le tir des blaireaux (de jour ? un nocturne ?!…), ainsi que le « déterrage »… Sous la pression d’un certain lobby, et par manque d’études scientifiques sur notre animal, certaines préfectures envisagent permettre de nouveau le piégeage « au collet », ce qui pourrait être catastrophique pour des populations qui se remettent à peine des précédentes destructions !

Dans certains départements, le déterrage des blaireaux est permis par la loi… La « vénerie sous terre » (c’est le nom de cette noble chasse) se pratique toute l’année, y compris en période de gestation des femelles, à grand renfort de pioches, de pelles, de chiens excités et de crochets spéciaux pour attraper la sale bête dans son trou, ah, ah… Les adeptes de ce « sport » viril et sanguinolent peuvent même participer à un championnat de France ! Rien ne vaut le plaisir d’une bonne partie de rigolade entre copains… (C’est vrai qu’on doit bien s’amuser, non ?). En plein XXIième siècle, on croit rêver…






« La chasse, c’est naturel »

Voilà un slogan qui sonne faux aujourd’hui. Certes, la chasse est naturelle pour les animaux et… les hommes de la préhistoire ! Nos ancêtres étaient de redoutables chasseurs. Les proies qu’ils tuaient assuraient leur subsistance. Pendant des milliers d’années, la survie des clans humains a été liée à la chasse (et à la cueillette !). Tout dans l’animal tué était utilisé : chair, os et bois de cervidés, poils et peaux… Comme les rares peuples chasseurs-cueilleurs survivant encore sur notre planète (pour combien de temps ?), ces hommes savaient gérer leurs ressources et avaient du respect pour les animaux. Au point qu’ils les considéraient certainement comme des divinités, représentées dans l’art pariétal, comme à Lascaux.

La chasse d’aujourd’hui, activité sportive ou de loisirs, n’a plus grand chose à voir avec cet esprit. La différence entre le « bon chasseur » et le « mauvais chasseur » ? Peut être… l’ignorance, la bêtise, la cruauté, l’esprit de destruction. Alors oui, au paléolithique, une peau de blaireau pouvait faire un carquois original, ou une coiffe de chaman du plus bel effet… Au moyen âge encore, il faisait faim et le blaireau a souvent dû être au menu du pauvre charbonnier braconnant sur les terres du seigneur… Et les poils de blaireaux ont été à l’origine, jusqu’au milieu du 20e siècle, d’une industrie du pinceau de précision et de la fameuse brosse à barbe, qui porte encore son nom… Les poils synthétiques font aujourd’hui bien l’affaire !
A l’heure où tout le monde se soucie de la « préservation de la biodiversité », commençons par sauver nos pandas à nous ! Protégeons enfin ce qui nous reste de petits carnivores sauvages : blaireau, mais aussi belette, fouine, hermine, putois, et le malin renard… Comme les grands prédateurs (ours, loup, lynx…) et les rapaces, ils ont leur place dans l’équilibre naturel, et n’ont pas besoin d’être « régulés » pour d’obscurs intérêts cynégétiques. Le blaireau devrait être protégé par la loi en Europe et en France, et vite ! Dans certaines régions, il est en danger d’extinction. Laissons le vivre en paix… Les animaux sont l’âme de nos campagnes, et méritent notre plus grand respect.



Automobilistes… Levez le pied !

A la campagne, faites aussi attention sur la route… Evitez de rouler comme des dingues en voiture, surtout la nuit ! D’abord parce c’est interdit, et puis, on a si vite fait d’écrabouiller un pauvre blaireau qui n’a pas bien regardé avant de traverser (personne ne leur apprend le passage piétons, c’est bête, hein !) Sans compter les chouettes, hérissons, écureuils, renards ou… sangliers (ce qui peut être carrément plus grave, pour la voiture et le conducteur !) Pour les blaireaux, la route est une cause de mortalité importante, surtout chez les jeunes en phase de dispersion. Un conseil, faites comme moi, roulez doucement la nuit et essayez d’apercevoir des bêtes à la lumière des phares… Vous serez surpris, un blaireau, ça trotte vite !


Ca mange quoi, un blaireau?




Noctambules dans la forêt



Animal nocturne, le blaireau, fidèle à ses petites habitudes, sort de sa cachette à la nuit tombante, souvent vers la même heure (entre huit et neuf heure du soir, juste après le premier hululement de sa voisine d’au-dessus, la chouette hulotte). Il est toujours très prudent ! Il commence par mettre juste le museau dehors et va longuement flairer son environnement familier… A la moindre odeur suspecte de prédateur, ou au moindre bruit inhabituel, hop, il retourne à l’abri du terrier, attendant patiemment que le danger soit passé.

R.A.S. Alors, il sort tranquillement, pour vaquer à ses activités favorites. Tout d’abord, le bonhomme fait un brin de toilette : une rituelle (et cocasse !) séance de grattouilles, calé sur son popotin, ventre en l’air, histoire d’enlever la terre de son pelage et d’embêter un peu les puces. Et puis, la faim se faisant sentir, il part à la chasse…




A la chasse ?



Un bien grand mot pour le blaireau. Bien que classé dans les Carnivores, le blaireau n’est pas le terrible carnassier que d’aucuns se plaisent à imaginer… C’est à dire qu’il « chasse » principalement… les vers de terre, les escargots et les champignons ! En effet, si l’animal possède une ouie très fine, ce qui lui permet de repérer des proies enfouies (il entend les ultrasons), sa vue est par contre assez médiocre ; il ne distingue en effet que les mouvements brusques et les contrastes… Disons, en vérité, qu’il est myope comme une taupe !



L’organe indispensable : le nez ! Il repère ses mets préférés grâce à un odorat hyper développé (estimé par les chercheurs 800 fois plus fin que le nôtre, pauvres humains !) Animal fouisseur, le mustélidé cherche sa nourriture en grattant la terre et le bois mort de ses longues griffes, la truffe en alerte maximale... La nuit, on peut l’entendre fouiller bruyamment dans les feuilles mortes, ou détruire consciencieusement une souche pourrie afin d’atteindre les grosses larves dont il raffole.



Maître Blaireau engloutit par dizaines les délicieux lombrics ; des études scientifiques ont montré que près de la moitié de l’alimentation du blaireau, en poids, se compose uniquement de vers de terre ! Mais pas seulement, son alimentation est en fait extrêmement variée. Le blaireau est un opportuniste qui va avaler tout ce qui lui tombe sous le pif ; limaces, escargots, gros vers blancs et autres bestioles du genre.


Protégé par son épaisse fourrure, il s’attaque aux nids de fourmis ou de bourdons, sans craindre les piqûres, et se régale de larves juteuses. On sait qu’il raffole du miel (un vrai petit ours, je vous dis !) En saison, il se délecte de fruits mûrs, comme des pommes, cerises, baies de sureau, mûres, etc. J’ai observé qu’il adore les cornouilles. Les fruits secs font aussi son affaire (noix, châtaignes…) ainsi que des racines ou quelques délicieux champignons.



L’occasion fait le larron !


Il aura vite fait de croquer une portée de campagnols ou des lapereaux bien grassouillets, une taupe malchanceuse, des œufs pondus au sol, une grenouille, un serpent (Il ne craindrait pas la morsure de vipère…) et même un jeune hérisson (que le blaireau attaque par le ventre, parce que les épines dans le nez, ça fait rudement mal). Un tantinet charognard, il ne dédaigne pas un cadavre à l’occasion.



Allez, pour être honnête, reconnaissons que ce vilain gourmand chipe parfois quelques épis de maïs laiteux ou se gave des bons gros raisins de l’agriculteur du coin ! Rien de bien grave, les « dégâts » restent acceptables (les sangliers font bien pire). Le blaireau est un pacifique omnivore, et non le terrible assassin de faisans ou de lapins qu’on se plait à décrire… Alors, d’où lui vient cette réputation de « nuisible » ? Qui veut la peau du blaireau ?



Blaireautin deviendra grand…


Grand nettoyage de printemps

Dès mars et avril, les beaux jours reviennent, les blaireaux reprennent leurs activités. En général, ça commence par un grand ménage ; on recreuse d’anciennes galeries, on nettoie les chambres, on sort les poubelles, on change la literie, pardon, la litière… En effet, pour faire leur lit, les blaireaux ramènent des herbes sèches dans leur terrier, à reculons, le foin coincé sous le menton. C’est qu’on aime le confort, chez ces bêtes là ! Allez jeter un œil… A l’occasion, on trouve quelquefois dans les encombrants le crâne de l’arrière grand père, mort au fond d’une galerie l’année d’avant.

L'amour, façon blaireau !

Blaireaux et blairelles « se séduisent » toute l’année, avec cependant trois périodes plus intensément consacrées aux ébats amoureux : février, juillet et octobre. Particularité chez cette espèce, après les accouplements (parfois avec des mâles différents) et une fois les ovules fécondés dans le corps de la femelle, le développement des embryons est interrompu ; cette « ovo implantation différée » (dans le langage scientifique) reporte la naissance des 2 à 5 petits à février de l’année suivante. Conséquence, les blaireautins d’une même portée peuvent avoir des pères différents !


A la fin de l’hiver, dans le secret du terrier, les blairelles mettent au monde leurs bébés. Abrités dans leur nid de foin, nourris au bon lait maternel, les petits monstres oseront bientôt s’aventurer devant le terrier principal, lors des belles nuits de mai et juin. C’est l’âge des premières galipettes, bagarres (pour rire) et autres gratouilles mutuelles… Ensuite, l’apprentissage de la vie se poursuit, à l’école de la forêt. Durant l’été, les jeux des blaireautins imitent ce qu’un jour il faudra bien savoir faire comme les grands : creuser, gratter, aménager le terrier, amener de la litière d’herbes sèches, se méfier des prédateurs, apprendre à se nourrir seul… Les blaireaux sont adultes vers l’âge de 2 ans. Un jour, ils élèverons à leur tour des petits blaireautins.